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Perdus par nature

Dernière mise à jour : 5 janv. 2023

Un tas de compost dans le coin d'une galerie, un ruisseau serpentant dans un paysage minéral, des blocs de glace du Groenland à Paris, du mobilier de salon composé de lianes...  Ce ne sont là qu'une poignée d’œuvres d'art contemporain sensibilisant au retour essentiel de dame nature dans nos vies urbaines; mais quelle place réelle sommes nous prêt à lui faire dans notre nature intérieure.


The Harrisons - Composting in the Pentagon with Worms (2017)
Hannah Chalew - Nature of City (2013)

Un dîner romantique autour duquel s'empile une opulence de produits ? La corne d'abondance des peintres revisitée à la sauce 3.0 de notre société de consommation ou l’allégorie de la syllogomanie assumée, cette pathologie se caractérisant par l'accumulation excessive d'objets.



Antoine Repessé - 365 Unpacked (2011)
Geoff Johnson - Behind the door (2015)

Comment pouvons-nous tracer notre chemin à travers un tel fourré de matériel !

La relation entre nature et bonheur fond comme peau de chagrin.


Cécile Beau - Cladonia (2017)
Cécile Beau - Cladonia (2017)

Alors que beaucoup d'entre nous admettent que la campagne est belle, nous n'avons pas tendance à la considérer comme un générateur de culture.


Pourtant les artistes ont souvent quitté les villes pour former des retraites rurales utopiques qui, même si éphémères, sont devenues des forces motrices pour entreprendre un travail de régénération intérieure, de palingénésie post amollissement créatif, voir carrément être à l'origine d'une résurrection divine.


La place de la nature aurait été tenue à l’écart pour valoriser notre propre créativité humaine.


Selon la vision anthropocentrique, celle de notre monde occidental, l’être humain se considère comme séparé de la nature, en position de domination vis à vis d'elle.


Tous n'ont pas la chance de se mettre au vert. La fuite de cette oppressante vie pour un retour au plaisir simple de l'odeur du crottin de cheval semble être un pas de plus en plus difficile à franchir : non par l'effort de s'y rendre mais plutôt par le risque de s'y perdre.


L'homo citadinus est ainsi devenu, un être tellement éloigné de lui même qu'il ne parviendrait plus à s'adapter dans un environnement authentique, naturel et simple. Le syndrome de la prison dorée aurait il eu raison de la quête du "plus de satisfaction et de cohérence avec ses valeurs" ?


Heureusement, les équipes marketing de notre style de vie ont pensé à tout : manger plus sainement, économiser l’énergie, se déplacer à vélo, construire écologique, assister aux conférences de Pierre Rabhi, se faire tatouer le combo "bien-être" sur le front, revendiquer le droit d'avoir quotidiennement en salle de pause de son entreprise une corbeille de 5 fruits et légumes, ni trop gras ni trop salés ni trop sucrés... ouf nous disposons à présent de notre petit guide de l'homme déculpabilisé.


Olafur Eliasson - Riverbed (2014)
Henrique Oliveira - Transarquitetonica (2014)

On peut alors parler de retour de la nature dans le champ social et de son introduction croissante dans le paysage urbain : "Si tu ne viens pas à Lagardère, Lagardère ira à toi ! ".


"Le bonheur est un bien que nous vend la nature"


Mi-ville mi-campagne, le candidat timide au néo-ruralisme peut ainsi, dans ce tiers espace qui construit peu à peu son territoire propre, s'adonner confortablement, à repenser sa place d'homme dans ce concept de nature mercantile ressemblant à s'y méprendre à du Canada Dry.


Ne pourrions nous d'ailleurs pas y voir une certaine forme de réalité augmentée ?


Alors le retour à sa nature OUI mais livré sur un plateau et désinfecté à la javel (pour ne pas risquer de s'intoxiquer à une stabilité durable de l'esprit... beurk).

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